L’ANSES dresse un constat préoccupant dans son dernier rapport sur la qualité de l’air intérieur : les professionnels travaillant dans des bâtiments anciens sont toujours exposés à des polluants nocifs, en dehors de tout chantier ou opération de désamiantage. Dans les administrations, écoles ou immeubles de bureaux, les matériaux anciens continuent en effet de libérer des substances dangereuses sans qu’aucune mesure ne soit prise. Une réalité encore trop peu intégrée aux protocoles d’évaluation des risques.
Le simple usage quotidien d’un local technique ou d’un faux plafond mal isolé peut suffire à libérer des fibres d’amiante. Le rapport insiste sur ces situations passives, dans lesquelles aucune action directe n’est engagée, mais où les matériaux anciens se dégradent lentement. Agents de maintenance, personnels techniques ou enseignants peuvent être exposés de manière chronique, sans être informés, ni protégés.
Le rapport alerte aussi sur les peintures au plomb, encore fréquentes dans des locaux construits avant les années 1950. Caves, cages d’escalier, chaufferies ou anciennes salles de classe peuvent en contenir. Le risque apparaît lors de l’effritement des revêtements ou à l’occasion de nettoyages mécaniques. Les poussières contaminées s’accumulent sur les surfaces, échappant à tout repérage formel dès lors qu’aucune opération n’est prévue dans le bâtiment.
Enfin, l’étude pointe un aspect largement ignoré : les poussières résiduelles. En se déposant sur les équipements, les conduits ou les plinthes, elles deviennent en effet des supports de polluants multiples, amiante et plomb inclus. Le simple balayage ou le déplacement d’un meuble suffit parfois à remettre en suspension ces particules. Or, les protocoles de nettoyage ou d’aération ne tiennent pas compte de cette pollution dormante.
Dans ce contexte, l’ANSES invite à renforcer les contrôles, même en l’absence de travaux. Il s’agit alors d’intégrer les diagnostics aux pratiques de gestion des bâtiments en usage quotidien. La prévention ne peut plus se limiter aux obligations formelles ou à des contextes de vente. Pour les professionnels occupant ces lieux, il est question de sécurité sanitaire élémentaire. L’amélioration de la qualité de l’air passe donc par une vigilance accrue sur les matériaux anciens, les sources diffuses et les usages ordinaires.